Proxénétisme et prostitution : une pratique illégale encore dure à éradiquer

Proxénétisme et prostitution : une pratique illégale encore dure à éradiquer

« Ils m’ont obligé à me prostituer pendant quatre mois, enfermée dans une chambre, ils organisaient les rendez-vous avec les clients, je devais avoir des rapports même pendant les règles. »

Ce sont les mots crus de Jana, bosnienne de 27 ans, qui témoigne devant l’objectif de Catherine Cabrol pour son nouveaux projet « Blessures de femmes ».

Ce qu’a subi cette jeune femme, dans son pays natal, est ce qu’on appelle du proxénétisme. D’après la loi française le proxénétisme est défini comme le fait : « d’aider, d’assister ou de protéger la prostitution d’autrui ; de tirer profit de la prostitution d’autrui, d’en partager les produits ou de recevoir des subsides d’une personne se livrant habituellement à la prostitution » ou encore « d’’embaucher, d’entraîner ou de détourner une personne en vue de la prostitution ou d’exercer sur elle une pression pour qu’elle se prostitue ou continue à le faire ».

Il existe également le proxénétisme immobilier qui « consiste à fournir en connaissance de cause des locaux publics ou privés à des personnes se livrant à la prostitution ». Ce sont des lieux comme des restaurants, des boites de nuits, des cabarets, des clubs privés… Cependant « le simple fait de prêter une camionnette à une personne prostituée relève du délit de proxénétisme ».

Dans les pays ou la prostitution est illégale, le proxénétisme l’est aussi. Mais dans d’autres pays le proxénétisme, sous certaines conditions, est légale. Bien que, dans tous les cas, il est interdit toute contrainte à la prostitution, c’est-à-dire l’esclavage sexuel et la traite des êtres humains. Et cela depuis 1949, les Nations Unies ayant adopté la « Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui ». Cette convention engage les pays à punir « le proxénétisme, les opérateurs et possesseurs de maisons closes et d’abolir tous les traitements spéciaux d’enregistrement des prostitués ». Aujourd’hui plus de 80 pays ont signé la convention à l’exception de l’Allemagne, les États-Unis et les Pays-Bas.

Dans les pays, les différentes législations peuvent parfois amener à des polémiques et des débats. A Amsterdam, par exemple, où la prostitution est légalisée et où des « magasins » de prostitués sont visibles derrière des vitrines, la prostitution des mineurs est interdite. Pourtant certaines communes des Pays-Bas souhaiteraient une « politique de tolérance « zéro » envers les maisons closes.

Au Danemark par contre, où la prostitution est légale, le proxénétisme ne l’est pas. Le gouvernement opte pour un contrôle de la prostitution, en favorisant à travers les services sociaux venant en aide aux prostituées pour les sortir de ce milieu. Ainsi l’Etat essaye de diminuer la prostitution et ses effets négatifs.

Aux États-Unis, la prostitution est interdite dans la quasi-totalité du pays mais est autorisée dans le des maisons closes dans plusieurs comtés du Nevada par exemple.

En France cependant, où la prostitution est légale, tous actes de proxénétisme est punie par la loi. Il est considéré par le Code Pénal comme une « atteinte à la dignité de la personne ». Cette pratique est lourdement punie de sept ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende. Mais la peine peut aller jusqu’à dix ans d’emprisonnement et 750 000 euros d’amande si le proxénétisme touche certaines personnes comme un mineur ou plusieurs personnes à la fois, ou encore si les auteurs du crime sont armés. Dans tous les cas, les clients sont punis mais pas les prostituées, tout comme en Suède, en Norvège ou encore en Islande.

Pourtant, certains mouvements de travailleur et travailleuses du sexe en France dénonce cette loi comme contraire à leurs droits. Notamment, en rendant leur conjoint et leurs enfants, s’ils sont majeurs, comme coupables de proxénétisme ou encore de travailler a plusieurs et de constituer des associations. D’autres acteurs comme des travailleurs sociaux et des universitaires féministes critiquent cette loi, appelant même parfois à sa suppression.

Jana, « Blessure de Femmes » de Catherine Cabrol

Mais il y a surtout un manque de cohérence ; la prostitution est à la fois pénalisée et fiscalisée. Le manque d’une politique globale se fait également ressentir. La prostitution est tolérée dans de nombreux établissements, alors qu’elle est en même temps considérée comme un problème social auquel il faudrait mettre un terme.

De multiples associations tentent de lutter contre le proxénétisme. L’une des plus importante d’entre elles est la Fondation Scelles. Cette association qui lutte contre la prostitution et toutes formes d’exploitation sexuelle. Elle salue notamment le système juridique français comme étant « le plus répressif en matière de lutte contre le proxénétisme ». L’association rapporte que la prostitution concernerait environ 37 000 personnes en France et générerait un chiffre d’affaires estimé à 1,15 milliard €. La Fondation Scelles souligne également que nous somme « encore loin du compte » en termes de lutte contre la prostitution et le proxénétisme et que donc beaucoup reste à faire …

Clémence.D, Faustine.B.
15 janvier 2018.