
Notre-Dame-des-Landes, fin de l’impasse
Après 50 ans de blocage et de contradictions, le gouvernement a annoncé mercredi l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.
Un projet vieux de cinquante ans.
Il y a plus de 50 ans, avec l’ambition de développer les métropoles régionales, en l’occurrence Nantes, et d’ouvrir la région vers le trafic international la Loire Atlantique décide de la construction d’un aéroport sur le bocage, autrement dit des parcelles de champs cultivés, de Notre-Dame-des-Landes. Pour mener à bien ce projet, la région délimite une Z.A.D en 1974, qui permet à l’État de racheter progressivement les terrains concernés par ce projet. Mais déjà, une opposition au projet prend forme à travers un collectif de défense des exploitants qui multiplie les manifestations contre le projet. Cette résistance, ajoutée au choc pétrolier des années 1970, puis à l’arriver du TGV à Nantes en 1989 embourbe le projet. L’aéroport est mis en sommeil pendant une quinzaine d’années.
La polémique est relancée dans les années 2000 avec cette fois comme objectif de désengorgé les aéroports de Roissy et d’Orly. Études, débats publics, arrêtés ministériels et déclarations d’utilité publics s’enchaînent. Le projet semble enfin avancer.
Une forte opposition
La première association d’opposants voit le jour en 1972 et elles ne cesseront de se multiplier dès lors.
Dès 2009, une multitude d’entre elles s’opposent farouchement au projet et s’installent dans le bocage. Pour les déloger, l’État déclenche l’opération «César». Plus de 1000 policiers et gendarmes investissent le terrain et procèdent a l’arrestation de nombreux opposants. La répression policière booste le capital sympathie des opposant qui troquent l’acronyme Z.A.D, de base zone d’aménagement différé, pour Zone À Défendre. Les occupations se multiplient dès l’année 2013 et c’est actuellement 150 personnes qui vivent de manière continue sur la ZAD.
Un projet finalement abandonné
Objet de 180 recours en justice tous refusés, François Hollande, alors président, appelle à un référendum local pour décider de l’avenir du site. Le OUI l’emporte à plus de 55% des voix contre 44% pour le NON. L’élection d’Emmanuelle Macron marque l’ultime tournant dans le projet. Lors de sa campagne, il promet une médiation.
Après 6 mois de missions et plus de 200 auditions, 3 experts mandatés par le gouvernement rendent leur rapport.
C’est donc ce mercredi, après plus de 50 ans de blocage, que le premier ministre Édouard Philippe a annoncé l’abandon du projet. Explosion de joie pour les opposants au projet. Cette décision a suscité de nombreuses réactions notamment au sein du monde politique : les opposants au gouvernement y voit «un déni démocratique» pour Jean-Marc Ayrault ou encore «une trahison du Grand Ouest» pour Johanna Rolland, la maire PS de Nantes.
Reste à savoir ce que va devenir les terres, propriété de l’État, et l’avenir des zadistes, toujours présent.
Anna.B
Le 29 janvier 2018.