Voyage à Paris : L’interview d’un journal remarquable : Médiapart.

Voyage à Paris : L’interview d’un journal remarquable : Médiapart.

La classe médias à la découverte du fonctionnement d’un journal payant en ligne.

Durant le voyage à Paris, nous avons pu interviewer des journaux notamment nous nous sommes rendus le mercredi matin dans les locaux de Médiapart. Pendant plus de deux heures, nous avons eu l’opportunité de poser toutes nos questions à un journaliste spécialisé dans l’international : Thomas Cantaloube.

        

(Thomas Cantaloube, Médiapart.fr)

  • Journaliste, un métier de passionné.

La classe : « *Pour vous quelles sont les qualités pour faire ce métier ? »

Thomas Cantaloube :

« -Les qualités c’est d’être curieux, tout en gardant un certain recul et ne pas être naïf. Il faut aimer écrire, il faut aimer enquêter, il faut aimer faire parler les gens. Le journalisme c’est quelque part « planter le fer dans la plaie » c’est-à-dire là où ça fait mal , voir et analyser les problèmes du monde. J’appelle ça être un « fouille merde » un « poil à gratter » mais ce n’est pas vraiment péjoratif il faut avant tout de la passion et de la conviction. »

 *Où trouvezvous votre inspiration ?

« -Il y a toujours des choses à apprendre ! Également je lie beaucoup. Je suis très souvent inspiré car je suis curieux de tout. »

*Vous avez dit que chacun chez Médiapart avait son style d’écriture, quel est le votre ?

« -il est vrai qu’à Médiapart nous sommes libres, je ne sais pas vraiment mon style à vous de me dire!(rire) Je pense écrire de la manière la plus naturelle et libre possible. »

*Vous êtes journaliste international, dans combien de pays avez vous fait des enquêtes ?

« Je suis allé dans à peu près 40-50 pays. Bien évidemment il faut parler l’anglais principalement. Sur tous ces pays, j’ai eu une réelle appréhension dans environ une petite dizaine comme pendant la révolution arabe »

  • Création de Mediapart

Médiapart a été conçu en fin 2007 mais réellement lancé en mars 2008. C’est une époque où la presse s’affaiblit. Il y a peu de journalisme

d’investigation et beaucoup qui utilisent les informations de l’AFP. Les blogs étaient utilisés avec des analyses politiques, économiques etc. Dans ce contexte là, il n’y avait rien « de très journaliste » contrairement aux États-Unis qui pionnaient l’essor d’internet et qui se concentraient sur les faits dès le début d’internet. A la fin des années 1990, il y a des articles exclusivement sur internet notamment avec le site «Rue 89 » qui pour le 2ème tour des élections présidentielles en 2007 sort un article sur la femme de Sarkozi qui n’aurait pas voté. Ce site avait les mêmes ambitions de journalisme. L’état de la presse en France avec le coté « poil à gratter » avait un peu disparu, et était moins énergique. Médiapart voulait changer cela en refaisant des enquêtes tout en ayant un pouvoir de presse . La presse est comme un quatrième pouvoir, il y a le pouvoir exécutif, législatif judiciaire et je pense réellement que les médias sont un contre-pouvoir.

De plus, on ne peut pas déborder dans les journaux format papier, or sur internet il n’y a pas de contraintes de place, il y a donc moins de contraintes de limitation et de remplissages.

  • Intérêts et coûts du journal

La création d’un journal en ligne à plusieurs intérêts économiques. Il coûte plus cher d’imprimer un journal, il faut abattre des arbres.. Tandis qu’internet fait économiser de l’encre, ne tue pas d’arbres et à moins de frais. L’argent non dépensé dans les frais comme le papier du journal, la diffusion dans les kiosques …etc permet aux journalistes plus de recherches. Il y a donc un intérêt pour le journal d’économiser et de permettre une donnée d’information plus ample en allant par exemple sur le terrain, ou en faisant des interviews, car chercher de l’information cela a un coût.

Médiapart est un journal indépendant ,qui a été créé avec le propre argent des fondateurs et quelques investisseurs . Le capital est à plus de 50 % détenu par les fondateurs, il n’y a pas de patron ou d’actionnaires qui influencent les sujets comme il peut y avoir dans les journaux papiers où les grands propriétaires ne sont pas forcement en lien avec le journalisme et créent une forme de dépendance et de contraintes.

*Pourquoi avoir privilégié une version payante ?

-Il y a de l’information de qualité, elle est différente et il n’y a pas de publicités . Médiapart a été le premier journal payant entre 2010 et 2012 il y a eu de plus en plus de journaux payant avec des formules différentes. Il y a beaucoup de concurrence , cependant c’est une concurrence saine comme un « sport collectif » . Médiapart a mis 3 ans pour atteindre l’équilibre budgétaire.

*Quelles sont les recettes de Médiapart ?

– 100 % viennent de Médiapart dont 95 % des abonnements et 5% des reventes d’articles. Avant le tarif des abonnements était à 9 euros maintenant il est à 11 euros par mois.

*Faites-vous des bénéfices malgré que le journal soit payant ?

-On fait parti des rares journaux à faire du bénéfice, l’an dernier on a eu environ deux millions d’euros de bénéfices.

  • Au cœur de Médiapart

*Quel est le public ciblé ?

-On n’a pas vraiment de statistiques sur les personnes que l’on touche mais on a quelques idées. On pense que le public est majoritairement dans les autres régions que dans la région parisienne. C’est un public éduqué, généralement avec des diplômes universitaires. On pense que la moyenne d’âge est d’environ 40-50 ans. Dans nos débuts il nous fallait franchir le cap des 55 000 abonnés pour rembourser nos frais, aujourd’hui nous sommes à plus de 150 000 abonnés.

*Pourquoi le nom Médiapart et ce logo, qui a réfléchi à ce graphisme ?

– le crieur : c’est un symbole ironique comme le retour aux fondations du journalisme . Le fait de mettre un logo avec un vrai journal papier alors que c’est un journal web est comme revenir à la création des premiers journaux, sans les infos de l’AFP. C’est un logo qui a un vrai côté paradoxal.

*Comment fonctionne la publication d’un de vos articles ?

-Il y a tout un processus, d’abord un correcteur qui corrige sur le point de vue grammaticale, répétition..etc puis une ou deux personnes font une relecture pour valider le contenu et lutter contre les fakes news , être bien clair, ce genre de choses..etc

*Combien êtes vous à Médiapart ?

Au départ nous étions 28. Maintenant on est plus de 80 personnes dont une quarantaine de journalistes + des personnes en marketing+ des personne pour le services abonnement ..etc.

  • Fake news

*Comment lutter vous contre les fakes news ?

-les fakes news sont soit des informations bidons soit incomplètes. Nous avons un code dans le journalisme nous devons vérifier nos informations de plusieurs points de vues différents jamais qu’une seule parole. Nous luttons du mieux possibles contre les fake news.

Jérémy.T ; Ines.G & Alysson.A.

Le 03 février 2018.