
LA FRANCE, IMMOBILE FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE ?
5 ans après les Accords de Paris, le gouvernement se retrouve face à la justice française pour démentir son « inaction climatique ».

Source : photo du Monde, Bordeaux, le 14 mars, lors d’une manifestation pour la lutte contre le changement.
Une décision historique pour la justice française
Le 19 novembre 2020, le Conseil d’état, plus haute instance juridique en France, a sommé le gouvernement de justifier, dans les trois mois, que sa politique actuelle lui permettra de tenir la promesse qu’il a fait en signant les Accords de Paris en 2015. En effet, la France s’est engagé à réduire de 40% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, or, comme plusieurs études le montrent, la France va à contre-sens et émet de plus en plus de gaz à effet de serre. Lors de la signature des Accords de Paris, la France émettait 460 millions de tonnes de CO2, contre 465 en 2017, soit 1% des émissions mondiales. Cette décision a été prise suite à un recours juridique porté par plusieurs villes, comme Paris ou Bordeaux, et par 4 ONG (Organisations Non Gouvernementales), qui ont lutté depuis novembre 2018 (date de dépôt du recours) pour que l’état soit mis face à son inaction.
Une avancée majeure pour le climat en France
Ce recours juridique est un évènement important pour la lutte climatique en France. Après s’être réjouit de la signature des Accords de Paris, les écologistes français.e.s se sont vite rendu.e.s compte de la non-intervention du gouvernement vis-à-vis du climat. Bien qu’engagée officiellement dans une politique de réduction de gaz à effet de serre, la France, comme beaucoup d’autres pays signataires, n’a toujours pas mis en place d’actions concrètes permettant cela. Ce recours juridique est donc très important, il permettra soit au gouvernement de montrer qu’il agit significativement en faveur du climat, rassurant alors les français.e.s, soit, à l’inverse, il mettra en lumière l’inefficacité de petites mesures jusqu’alors prises, et obligera donc le gouvernement à mettre en place des mesures plus radicales. On peut donc voir que peu importe la décision du Conseil d’état, des mesures auront été ou seront prises pour diminuer l’impact de la France sur le climat.
D’autres actions en France se mettent en place
Bien que très impactante et innovante pour la France, les actions pour le climat se font de plus en plus nombreuses. De plus en d’associations, d’ONG, d’élu.e.s et de citoyen.ne.s se mobilisent pour l’environnement, de plus en plus d’actions et de mobilisations se mettent en place. On a par exemple l’eurodéputé Pierre Larrouturou, qui, lors du vote du budget européen, a entamé une grève de la faim pour dénoncer le manque de financement dédié à l’environnement. Il a jeûné pendant plus de 18 jours et n’a remangé que par soucis de santé, il explique cependant que « le combat continue » et que manger ne signifie pas abandonner. On peut également noter l’action de Youth For Climate, un mouvement citoyen qui organise, principalement parmi les lycéens et les étudiants, des mobilisations pacifiques et des actions de désobéissance civil. Ce mouvement s’inscrit dans l’initiative de Friday For Futur, mis en place par Gretha Thunberg, qui appelle les jeunes à manifester les vendredis en faisant des grèves scolaires pour le climat.
Une première pour les français.e.s mais pas pour le monde
En France, c’est la première fois que le gouvernement est mené en justice pour « inaction climatique », mais c’est loin d’être la première fois sur Terre. En effet, l’exemple le plus marquant est sans nul doute celui des Pays-Bas, dont le gouvernement a été obligé, en 2019, par la Cours Suprême, de réduire de 20% ses émissions de gaz à effet de serre pour fin 2020. La Cours Suprême a estimé que le changement climatique était une menace pour la vie des citoyen.ne.s néerlandais.e.s et a donc demandé à l’état de protéger ses citoyen.ne.s. On peut également comparer cela au boycott nicaraguayen des Accords de Paris. En 2015, après 3 semaines de discussion sur la politique mondiale a adopté face au changement climatique, le Nicaragua a appelé au boycott des Accords de Paris car ils étaient jugés « insuffisants » face à la menace climatique.
Décembre 2020.
Philémon D.