Bernard Tapie et les affaires

Bernard Tapie et les affaires

Toutes les chaînes d’information en ont parlé la semaine dernière: Bernard Tapie est décédé le 3 octobre à l’âge de 78 ans suite à un cancer. Sa disparition a fait réagir plus d’une génération, nos parents et grands-parents sont ceux qui ont le plus vécu sous son ère. Apprécié par certains, détesté par d’autres, monsieur Tapie sait faire parler de lui encore aujourd’hui avec près de 300M€ de capital et 400M€ de dettes qui planent sur son héritage.

Personnage controversé, à la vie bien remplie, voici quelques éléments pour mieux comprendre qui était cet homme.

Né en 1943 d’une famille ouvrière, il s’insère dans le monde de l’entrepreneuriat dès ses 23 ans.

Il débute sa carrière en tentant de fonder une société de vente d’équipements domestiques. 8 ans plus tard, il se concentre sur un projet d’assistance pour les malades cardiaques mais ce fut un échec cuisant. Sa croissance dans le monde des affaires se remarque surtout dans les années 80 lorsque B.Tapie adopte une nouvelle stratégie de business: racheter des entreprises pour quelques francs au dépôt de bilan (en faillite), les faire grandement évoluer pour les revendre des centaines de millions d’euros plusieurs années plus tard. De cette manière, il a fait fortune principalement avec Terraillon, Look, La Vie Claire, Wonder, Testut et Adidas.

L’homme d’affaires est tout de même plus connu pour son investissement dans le journal La Provence, ses biens immobiliers luxueux (villas en bord de mer dans des stations huppées et appartements avec vue sur les Champs de Mars à Paris) et sa reprise de l’Olympique de Marseille.

Mais nous pouvons aussi appeler B.Tapie «monsieur le ministre», «monsieur le conseiller général» ou encore «monsieur le député» puisqu’il fut ministre de la Ville durant une brève période sous François Mitterrand, et qu’il a représenté les Bouches-du-Rhône sur plusieurs mandats entre 1993 et 1997 à l’Assemblée Nationale, ou au Parlement Européen.

Homme politique et homme d’affaires, mais pas seulement

Affaires financières riment avec affaires judiciaires pour B.Tapie. En effet, même s’il a réussi à s’enrichir grâce à ses pratiques professionnelles (pas toujours légales), il est l’objet de nombreuses condamnations pour escroqueries, abus de biens sociaux, faux et usage de faux, fraude fiscale, détournements de fonds… On ne compte plus ni ses procès, ni le nombre d’années de prison avec sursis qu’il a écopé. En 1995, il est a été condamné principalement à 8 mois de prison ferme, mais a été libéré et placé sous liberté conditionnelle après 5 mois et demi: cette période a été son seul séjour en prison de sa vie. En 1998, suite à un jugement, il a été condamné à 3 ans de prison avec sursis, 45 700€ d’amende et 5 ans de privation de droits civils et civiques (comme le vote) pour avoir détourné près de 15 millions d’euros du club de football Marseillais.

Son dernier procès, qui a fait beaucoup de bruit et qui dure depuis plus de 6 ans, concerne Adidas et le Crédit Lyonnais à qui il doit la modique somme de 438 millions d’euros. A la suite d’appels pour la révision de sa condamnation, la justice le sentence une nouvelle fois en proclamant la liquidation judiciaire de ses sociétés en 2020. Un second procès s’est succédé sur la même affaire, la décision devait se tenir le 24 novembre mais au vu des conditions de santé de monsieur, qui se sont énormément détériorées, il est inutile de préciser que Bernard manquera à l’appel.

Clémence LP, première générale, 14 octobre 2021