Edito : Jordan Bardella, trou noir montant

Edito : Jordan Bardella, trou noir montant

Le samedi 5 novembre 2022 marque un grand coup dans la prise d’importance de Jordan Bardella sur la scène politique française. Pourtant, iconicité du parti du diable, acharnement anti-migratoire, et preneur à bon vouloir de l’exposition médiatique sont les principales caractéristiques qui composent ce personnage

 

(Légèrement trop) Difficile de le manquer dernièrement, Jordan Bardella est, à compter de ce samedi 5 novembre, président du fameux Rassemblement National. En plus de son rôle d’eurodéputé, cette élection est un grand pas supplémentaire dans sa sinistre ascension fulgurante. En effet deux points ont été élémentaires dans le développement de sa représentativité médiatique (Médias pour lesquels il porte pourtant un malin plaisir à dédaigner et manipuler comme il le souhaite). Son appartenance élémentaire au RN, parti au lourd passé et même présent raciste, antisémite, islamophobe et xénophobe y joue. Mais également et surtout son obstination malsaine, l’acharnement, son animosité, qu’il porte envers les immigrés lui ont permis d’être sur-représenté.

   Jordan Bardella est à présent une grande figure du Rassemblement nationale, anciennement Front National jusqu’en 2017. La floraison de cet arbre luciférien pervertissant les valeurs françaises à son avantage part évidemment d’une graine à son image. En 1972, le FN, parti d’extrême-droite sera fondé par deux grands hommes d’exceptions et de bonté pure : Bousquet, ancien SS durant la seconde mondiale au sein de la division Charlemagne, passé qu’il ne regrettera pas ; Et Jean-Marie Le Pen condamné à multiples reprises pour violences, provocation à la haine et à la discrimination, apologie de crime de guerres et contestation de crimes contre l’humanité… Le parti va accroître sa popularité, avec comme élément marquant les élections présidentielles de 2002. Contre toute attente, l’extrême-droite va accéder pour la première fois en France au second tour. Par la suite un grand mouvement national se mettra en place pour contrer le FN, avec succès. Mais cela restera un point majeur dans sa dangereuse évolution. Après les élections du parti, en 2011, Marine Le Pen, fille de l’ancien président du parti, prend à son tour les commandes telle une succession royale (Symbolique des idées dépassées de ce parti?). Elle enclenchera un processus de “dédiabolisation” du FN. Un terme se trahissant lui-même. Mais de plus, cette tentative de se donner une nouvelle image, pure, blanche, et saine, fut totalement hypocrite. On notera sous sa présidence : Steeve Briois, vice-président, ancien membre de l’Oeuvre française (parti antisémite et raciste) ; Frédéric Chatillon, conseiller en communication, favorable au régime syrien de Bachar El-assad ; et son conseiller politique Philippe Péninque, ancien membre d’Ordre nouveau (parti néofasciste). Et comment ne pas oublier les multiples “incidents”, comme ce jeudi 4 novembre, où le député Grégoire de Fournas tonnera durant la prise de parole de Carlos Martens Bilongo, autre député aux origines congolaises et angolaises : “Qu’il retourne en Afrique”.

 

    Évidemment pour être président d’un tel parti, Jordan Bardella n’est pas non plus angélique. Tel des punching-ball, il s’attaque constamment aux immigrés spécialement maghrébins et à chaque coup leur reproche d’être responsable d’une innombrable quantité maux en France. Il n’hésite pas à instrumentaliser d’horribles affaires comme celle du meurtre de la jeune et regrettée Lola. Sa famille suite au macabre événement a demandé que l’on n’utilise pas son cas à des fins politiques. Mais cela passera à travers la conscience de cet homme. Il utilisera tout de même le statut d’étrangère de la meurtrière pour justifier sa vision anti-migratoire et augmenter ce sentiment d’insécurité dont seraient pour seul responsable les étrangers. Pour revenir cette fois-ci à l’affaire De Fournas, Bardella ne condamne bien évidemment pas les propos de son collègue, ils les encouragent même. Défendeur de la théorie qu’il a souhaité signifié Qu’ilS retournENT en Afrique”, ne s’adressant pas directement au député parlant. Il accusera les partis d’oppositions : La vérité c’est que le gouvernement allié à l’extrême gauche de monsieur Mélenchon essaie d’intimider l’opposition et nous empêche d’aborder la question de l’immigration”. Des propos bien pertinents quand nous savons que la NUPES est une coalition dont les principales raisons de son existence est de faire barrage au gouvernement macroniste, et que Macron lui-même prévoit un projet de réforme sur le droit d’asile et de répartition des arrivées sur le sol français.

Un tireur de ficelles accompli

Mais il n’aurait pas pu diffuser de tels propos sans microphone pour élever sa voix. Et ce microphone est la sphère médiatique, réel jouet qu’il adore manipuler, prendre les parties qu’il préfère et mépriser celles qui dérangent. Que cela soit avec sur les chaînes d’info, avec une certaine fiabilité comme BFMTV, ou d’autres plus exécrables comme CNEWS, chaîne spécialisée dans l’intox et non l’info. Ces deux acteurs s’auto-alimentent, forme une symbiose. Ces chaînes permettent à Bardella de dégobiller ses propos ahurissants et ceux-ci rapportent un grand nombre d’auditeurs assoiffés de polémiques à ces canaux qui vont donc le laisser produire leurs bénéfices. Mais nous ne pouvons pas passer non plus à côté de son  compte Twitter. Les barrières sont levées, aucuns opposants pour le faire taire. Il n’hésite pas à diffuser ses « moments-clés » et propager ses idées à longueur de journée. Mais  dès que vient l’heure de répondre à des sujets sensibles et problématiques le concernant, il se défile. Un reportage au sein du congrès du RN signé Mediapart nous révèle cela. Une de leur journaliste lui questionne pourquoi il fait toujours appel dans ses prestataires à Frédéric Chatillon (soupçonné d’antisémitisme). Il ne lui répondra tout simplement pas. Elle lui posera la même question une seconde fois un peu plus tard, et lui répondra grossièrement « Mais c’est pas chiant de bosser à Mediapart, ça fait 10 ans que vous avez les mêmes sujets. » Il préfère donc mépriser plutôt qu’assumer.

Une quantité bien trop importante d’éléments problématiques pour ignorer cette menace grandissante qu’est Jordan Bardella. Restons éveillés sur les actes et paroles de cet homme afin d’éviter le mur dans lequel fonce la France!

                                                                                                                     Mathis, élève de première générale, novembre 2022.