
Barbie par Greta Gerwig : un débat au sein du féminisme
Le film Barbie réalisé par Greta Gerwig, sorti en France le 19 juillet dernier est un film
américano-britannique destiné au grand public. Il raconte les péripéties de la célèbre poupée
Barbie à Barbieland, où les femmes dominent, et dans le monde réel, où, plus
étonnamment, les hommes dominent.
Le film est un véritable blockbuster, il compte en effet
plus de 4 millions de spectateurs en France et représente un budget d’un milliard de dollars
au box office, ce qui est le plus gros budget jamais attribué pour une réalisatrice. Le film
suscite un débat dès sa sortie, son but est-il de faire passer un message feministe pour les
générations futures, ou, de faire vendre, sous couvert d’une morale de façade ?
D’une part, le film semble être une réelle critique de la société.
En effet, le film cherche à plaire au grand public et à faire rire, on ne s’attend donc pas à
une critique poussée du patriarcat. Les critiques sont d’accord, le film n’apprendra rien à un
public déjà instruit sur le féminisme. Mais son but est avant tout d’expliquer de manière
simple et drôle les dérives sexistes de la société actuelle et d’en faire du divertissement.
La majorité du comique du film repose sur l’humour misandre (faire rire en se moquant et
en dénigrant les hommes) et sur la satire de la masculinité. Les chansons de Ken et le
moment où les Kens prennent le pouvoir poussent à l’extrême la virilité et la rendent
comique. Greta Gerwig semble donc chercher à rendre les hommes et la masculinité toxique
risibles en parodiant les comportements de certains hommes d’aujourd’hui.
De plus, le film semble se moquer du fait que Margot Robbie, l’actrice principale,
correspond parfaitement aux critères de beauté. Greta Gerwig assume les paradoxes de
son casting et de ce fait, explique qu’il n’y a aucune corrélation entre le fait d’être féminine et
féministe. Ce message manque peut-être de finesse mais a le mérite d’être compréhensible
par toutes les petites filles : on peut aimer le rose et les paillettes tout en rêvant de devenir
présidente ou astronaute.
Cependant, le film a reçu de nombreuses critiques négatives qui l’accusent de promouvoir
un féminisme de façade.
En effet, le simple fait que Mattel (société de jouets qui possède Barbie) soit coproducteur
du film nous laisse penser que le film n’est pas si innocent. Mattel semble chercher à
améliorer son image de marque, en critiquant notamment sa propre équipe de direction,
entièrement composée d’hommes, pour faire déculpabiliser les parents d’acheter des
poupées Barbies à leurs enfants. Les messages capitalistes et consuméristes sont poussés
au premier plan tandis que le féminisme apparaît en seconde zone.
De surcroît, certains critiques parlent même d’une régression du féminisme car les
différentes formes de violences physiques faites aux femmes ne sont pas représentées. Or,
les femmes et les jeunes filles d’aujourd’hui en souffrent. La seule souffrance physique dont
les femmes semblent subir dans ce film est celle des talons hauts avec les pieds plats, la
critique apparaît donc bien trop superficielle.
Enfin, Greta Gerwig est également accusée de ne pas montrer la réalité des hommes
américains, malgré l’exagération des comportements misogynes qu’elle dépeint. Les
hommes sont représentés comme des crétins, incapables de garder le contrôle sur le
pouvoir. Loin de représenter la réalité du virilisme extrême chez les américains, le film tourne
au ridicule les hommes misogynes sans les montrer comme une menace pour les femmes.
En somme, de part son aspect léger, son humour dénigrant les hommes et ses messages
d’encouragements vis à vis des petites filles, on est amené à penser que le film Barbie fait
avancer la cause féministe et la fait découvrir aux plus jeunes. Cependant, sa visée est
critiquable notamment car le film est indéniablement un énorme coup marketing pour Mattel
et que les critiques du patriarcat sont superficielles et inexactes. Ce film soulève tout de
même une question importante, celle de la place du féminisme dans un monde dirigé par le
capitalisme.
Ysali, élève de première, octobre 2023.
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