SNU, il devient obligatoire ?

Le 16 janvier 2024, Emmanuel Macron témoigne de sa volonté d’aller « vers une généralisation du service national universel » (SNU) lors de sa conférence de presse. Regrettant « le calendrier scolaire  dans lequel les écoliers n’ont plus cours dès le mois d’avril » en raison des examens, cette généralisation du SNU pourrait intervenir sur ces périodes de creux pour les lycées de seconde.

Mais alors qu’est-ce que c’est que le SNU ? 

Le service national universel est défini comme un projet de société visant à favoriser le sentiment d’unité nationale autour des valeurs communes de citoyenneté, d’engagement et de cohésion sociale selon le Ministère des Armées. 

Le SNU se déroule en 2 phases distinctes :

La première est le séjour de cohésion, il dure 12 jours et se passe dans un autre département que celui de l’adolescent. Ce séjour est présenté comme une opportunité de rencontres, avec des personnes différentes, issues de différents milieux. 

Pendant ces 12 jours, les jeunes adolescents sont encadrés par des militaires, policiers, pompiers ou fonctionnaires actifs et effectuent plusieurs activités. Elles sont organisées pour développer “un esprit de cohésion et d’entraide” comme le dit le site officiel du SNU. Il s’agit donc d’activités physiques, culturelles, mais aussi des chantiers, des visites ou des chants républicains. 

Quant à la seconde phase, elle permet  de réserver un temps afin de  “servir la nation”. Il faut donc réaliser une mission d’intérêt général, choisir une structure (association, service public, établissement de santé…) et apporter son aide pour 12 jours minimum ou 84h de façon ponctuelle ou régulière. 

Les contestations massives du SNU 

En effet, certaines associations dénoncent une opération de “soumission” des plus jeunes et un “formatage” et une “militarisation” de ces adolescents. Les journées ont un programme bien défini  et ces dernières débutent par le lever des couleurs du drapeau français, rituel républicain où est chanté l’hymne national, la Marseillaise. Ce séjour permet donc de souligner et d’insister sur les valeurs républicaines ; apprendre à être fier de la France. 

Alors quel est le but ? Inciter la jeunesse à s’engager dans l’armée et les forces de l’ordre ? Le SNU correspond-il à un nouveau service militaire ?

Ce SNU génère beaucoup de colère et d’indignation, de la part des professeurs et des syndicats. En effet, ces derniers parlent d’un “risque de maltraitance” pour ces adolescents qui ne bénéficieraient que de 8 heures de sommeil, avec une journée commençant à 6h30 et s’achevant à 22h30 incluant les activités consacrées à La Défense et la sécurité intérieure.  Ils définissent ce programme comme un synonyme de “catastrophe” pour la jeunesse. “Un embrigadement, détournement de financements qui devraient être consacrés aux associations d’éducation populaire et à l’Education nationale” mais aussi d’une catastrophe pour les salariés de ce secteur “dont le sens des métiers est bafoué”. 

Il y aussi la MJCF (Mouvement jeunes Communistes de France) qui témoigne de sa colère en parlant d’un “dispositif inutile et folklorique”.   “Le gouvernement devrait plutôt augmenter les heures d’EMC ou financer à hauteur les besoins les associations d’éducation populaire qui se battent pour permettre à cette jeunesse de faire du sport et partir en vacances.” –

Enfin n’oublions pas les professeurs qui sont également alarmés et révoltés, comme l’a montré la manifestation du vendredi 9 février 2023. Ils se questionnent : pourquoi autant de moyens donnés à des activités qui se font ou pourraient se faire dans le cadre de l’école, qui elle-même manque cruellement d’argent ?

De plus le SNU pourrait être valorisé sur Parcoursup, ce qui encore une fois intensifie ces débats. 

Ce séjour représente “2,5 ou 3 millions d’euros soit 50 000 postes d’enseignants” déplore mercredi 31 janvier sur France info Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa (Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale, un syndicat de chefs d’établissement du secondaire). Un service national universel qui donc réduit les postes d’enseignants et coûte beaucoup d’argent.

Et pour le moment, il n’est pas obligatoire…

Margot, élève de 1ère, février 2024