Collection Lambert : L’exposition de Delphine Dénéréaz : un monde uniquement fait de rose et de dauphins ?

Au sous-sol de la Collection Lambert on peut voir actuellement l’exposition de Delphine Dénéréaz « Bienvenue à Delfunland », une ville imaginaire utopique célébrant volontairement l’amour et les dauphins. On peut se demander si cet univers est seulement kitsch et ‘’gnangnan’’, ou s’il se cache derrière cela une volonté de revendiquer des choses simples, sans prétention.

 

L’exposition de Delphine Dénéréaz crée un effet de surprise chez le visiteur lorsqu’il arrive au sous-sol de la Collection Lambert. C’est un lieu d’art contemporain, perçu parfois comme austère ou conceptuel, et l’univers de l’artiste semble tout à fait l’opposé : ce qui attend le visiteur est un monde rose et bleu, très extravagant et peuplé de dauphins. Sur le mur de l’entrée est présentée une clé rose, comme symbole de la ville de Défunland, qui est sûrement un jeu de mot entre le prénom de l’artiste (Delphine) et sa passion pour les dauphins. Le visiteur peut alors déambuler dans la première pièce de l’exposition, représentant l’extérieur  de cet univers : il est constitué de façades d’hôtels, d’une banque, d’une voiture (évidemment) rose…  et le parcours se termine dans l’intime, une   chambre avec un lit surplombé de cygnes.  Delphine Dénéréaz a imaginé une légende et scénarisé en quelque sorte le parcours dans l’exposition : « Delfunland » était selon elle une ville dans laquelle régnait un équilibre parfait mais dont la fleur emblème, le Delphinium, s’est emparée de la cité, et par sa toxicité poussa ainsi les habitants à fuir laissant derrière eux la ville abandonnée. Grâce à la connaissance de cette histoire, le visiteur  trouve alors cet univers effrayant, et non plus seulement rose et parfait.

Delphine Dénéréaz fait donc délibérément le choix d’un univers pop de couleurs acidulées et de dauphins, choisissant ainsi des couleurs et des objets tout ce qu’il y a de plus pacifiques. Elle fabrique pour son visiteur un monde imaginaire très enfantin, que l’on peut interpréter comme militant. Elle revendique en effet par sa démarche la possibilité d’être encore dans l’imaginaire et de fabriquer des choses qui soient justes jolies, sans prétention. Elle crée ainsi par choix quelque chose qui ne parle pas d’actualité, qui n’est pas engagé, pas abstrait, qui est finalement seulement ludique.

Une autre particularité de son travail est que tout est en tissu, seulement constitué de toile tissée. En effet, avant d’être artiste, Delphine Dénéréaz était plasticienne et fabriquait des tapis, et on peut effectivement le retrouver dans son œuvre. Elle travaille le textile de récupération, en réemployant des objets textiles domestiques qui allaient être jetés avec la technique médiévale du « tapis de lirette ». Elle vise donc à réutiliser les vieux textiles pour donner de la valeur à ce qui était destiné à la poubelle.

  Zoé C., élève de 1ère, novembre 2023